12ième
étude 12ième étude
12ième
étude vent Chopin
les
oiseaux dehors
tourbillons
tourbillons
les oiseaux le vent
le vent-tourbillon
12ième étude
12ième étude
12ième
étude vent Chopin
le vent Chopin
partout partout
partout
Chopin :
vent
comme un dingue
qui
tourne en boule
et
les oiseaux
dehors
les oiseaux
et
partout
partout
le vent
le vent-comète,
le vent Chopin
sur le piano
sur
le piano
12ième étude
12ième étude
12ième étude et le vent fou
le vent fou
que plus rien n’arrête
et
les oiseaux
tournent
et
partout
partout
dedans
dehors
la
fenêtre
partout
le vent
dingue piano
12ième
étude 12ième étude
12ième étude tourbillon
tourbillon
le vent
les
oiseaux
le vent Chopin
les oiseaux dingues
les fous devant
partout les fenêtres
partout du dingue
et le piano
le
piano le vent
tourbillons
dingues
partout Chopin
sur
le piano
12ième étude 12ième
étude
12ième étude et les oiseaux
le vent comète
Chopin fenêtre
devant dehors
partout partout
partout devant
dehors
tourbillons
tourbillons tourbillons :
du dingue partout –
Tais-toi –
Ne dis rien du sang pourpre, ne dis rien de ce fleuve qui court et te
soulève, ne dis rien s’il te plaît, tais-toi.
Protège-toi –
Entendre, ils ne savent pas, ils ont construit des murs de pierres, ils
ont hissé des palissades…
Tais-toi –
Ne leur parle pas des pépites que les fleuves pourpres charrient,
ne leur parle jamais de sang, ils le saccageraient encore :
Tu ne peux rien contre leur fièvre –
Ne va pas les voir, non –
Ne va pas là-bas –
Parler, parler, il ne faut pas –
Ils ne t’écouteront jamais, ils continueront leur massacre.
Ils ne savent rien du sang pourpre, ne savent rien du sang sacré-
Si tu parles, ils te feront taire :
Une plaque de fer dans ton cerveau, fixée. Fixée jusque
dans les mâchoires pour que tes dents, tes dents jamais ne desserrent,
pour que ta parole s’étouffe –
Ils te feront taire crois-moi-
Tais-toi –
S’il te plaît, protège-toi –
C’est dans ma tête maintenant, c’est maintenant que
c’est dans moi et que ça me trotte dedans. C’est maintenant
depuis toujours mais c’est maintenant que je parle. Avant je n’aurais
pas pu, je n’aurais pas su à qui dire. Je te regarde. Je
tremble. A qui dire donne courage. Il faut trouver à qui parler
et puis pouvoir le dire encore. Maintenant oui, je peux dire : je peux
dire que c’est brutal, que ça n’en finira jamais. Que
parfois ça coupe les veines, que parfois ça use le sang.
Que ça ne va pas, que ça ne rentre pas, qu’il faut
brûler la cigarette, qu’il faut recommencer à dire.
Chercher, chercher, ce n’est pas loin, chercher, trouver, ça
marche toujours pas. Et rallumer les cendres grises, reprendre le briquet,
te prendre dans mes bras –
Parce que c’est impossible, je tremble. Je tremble parce que l’impossible.
Tu te tais, tu dis rien. Je fume la cigarette, j’avale toute la
fumée. Je prends note de mon silence et les oiseaux crient
et c’est la fin. Mais c’est dans ma tête dedans. Je
respire ton corps, j’avale la fumée, j’avale et mes
yeux brûlent. J’avale tout ton corps dans moi, je te mets
au fond de ma gorge, c’est maintenant que j’ai à dire,
que cette chose en moi… Impossible, je tremble j’avale la
fumée, je me fouille à ta langue, je te touche en aveugle,
et cette chose à dire, et cette chose au fond de moi… et
ça fait que les oiseaux crient, que j’ai
la chair en extension, que j’ai tout ton corps dans la bouche. Et
la fumée monte et tout me renverse, c’est dans ma tête
que je respire. Si c’est à dire, c’est maintenant.
Et je lèche la cigarette, alors la lueur du briquet, et je voudrais
lécher ton corps. J’ai toujours cette chose à dire,
j’ai à la dire maintenant, reprendre un peu la cigarette,
soupirer la fumée c’est bleue, et mon souffle connais ton
odeur. Fumer, fumer la cigarette, avaler tout l’air bleu. Les odeurs,
avaler : mais la chose à dire... C’est maintenant je dois
la dire. Je sais à qui parler, je sais à qui je parle, c’est
maintenant, c’est maintenant. Tu as peur tu transpires, chercher
chercher ce n’est pas loin, et rentrer dans le cri. Je t’avale
dans moi, je me colle à ta bouche, c’est maintenant ; nos
lèvres c’est maintenant, se salivent, mon souffle c’est
maintenant, vient se fendre, maintenant tu m’avales, tu m’avales
à ton cri. Les odeurs, un soupir, la cigarette : reprendre le briquet.
Le briquet le reprendre, pour prendre l’air un peu. Mais l’air
manque à ma gorge, dans ma gorge tout toi, me portes dans sa bouche,
je happe, je happe l’air et dedans moi, encore cette chose à
dire, cette chose c’est maintenant que je dois la sortir de moi,
je sais à qui dire la chose, mais je suis avalée dans toi
j’ai toute ma chair dans ta bouche, toute la chair de moi dans toi
et je happe ton souffle, et tu as pris le mien. Je tremble, j’ai
peur. J’ai très peur et je tremble. Alors refaire bleu un
rond de cigarette, refaire le parfum. Tu te tais je dis rien, j’avale
ta salive j’avale avec les mains, non c’est toi qui m’avales
je sais, je sais je sais je sais, c’est maintenant, ça recommence,
maintenant le cri des oiseaux, je sais à qui je
parle, c’est maintenant, c’est maintenant que tu me bois.
L’air, je happe l’air et tu me bois, tu transpires ma chair
et mes lèvres, je me perds j’ai peur et je tremble, dans
le ciel : Le cri des oiseaux.
Edith Azam est née le 2 août 1973. Pour tous renseignements
complémentaires, s'adresser à Julien Blaine.
Bibliographie:
Opium/le
ciel & le vent ?, aux éditions le Suc et l'Absynthe
Rupture, aux éditions Le Dernier Télégramme
Mercure, deux hors-série, éd. 22, Montée
des poètes
Un objet silencieux, avec Valérie Schlée,
aux éditions le Suc et l’Absinthe
A paraître en 2007 :
Letika
Klinik, aux éditions Dernier Télégramme,
en mars 2007
Mercure, aux éditions Castells
Mon frère d’encre, aux éditions Castells