éDITo
Un
deuxième numéro c’est déjà un premier
bilan. De nombreuses réactions et demandes de participations nous
sont parvenues. Peu de textes, et c’est étrange, de France,
en revanche, un nombre incalculable de textes des pays anglo-saxons et
d’ici, de travaux plastiques, dont beaucoup de très bonne
qualité.
Et je tiens à le souligner en regard des expositions ‘nationales’
de ce printemps de ‘Notre Histoire’ à la ‘Force
de l’Art’ (mon lecteur, mon frère, vas-lire, je t’en
conjure, le texte de Stéphanie Eligert sur Sitaudis à ce
sujet: enfin une lecture profonde et pertinente, cinglante sur le délitement
des institutions, leur libéralisation à peine dissimulée,
la très regrettable “exténuation verbale”).
Eh oui, c’est nouveau (et malheureusement pas si nouveau) maintenant
les expositions sont nationales et sponsorisées; la france (j’oblitère
volontairement la majuscule en révolte minuscule) paraît
vouloir renforcer une cohésion ou la créer, l’imposer;
“la france on la choisit” dit le gouvernement, le répète
à tout vent sous mes fenêtres quand des quidam hurlent chaque
soir zizou président! Je n’ai rien de personnel
contre Zidane mais hier je n’osais me montrer à mon balcon
(car j’aurais brandi mon exaspération due à toutes
ces heures de sommeil volées en guise de drapeau (français))
craignant l’aggressivité des supporters. Il n’était
pas de bon ton de ne pas ‘supporter’ ces derniers jours, et
là encore le mot est signifiant : combien de supporters comprennent
que supporter c’est d’abord souffrir, endurer, alors
moi le foot, le libéralisme: je ne supporte pas et cette
énergie perdue au dépend d'engagements salutaires me désole.
Qu’avons-nous gagné? Pour ma part, je ne suis pas "en
finale" et je ne suis pas "les champions", leur histoire
au Palais de Tokyo n’est pas non plus mon histoire…A
qui veut-on faire croire que cette cohésion est réellement
un rassemblement? Pour un temps, les surendettements et le chômage,
la misère sociale, seront oubliés, oubliés l’exclusion,
la grippe aviaire, les indigents, les expulsés… à
chacun son opium. Cerise sur le gâteau: à peine paru le
Sofa s’est vu accusé de dévoyer les jeunes chercheurs
en manque de publication; la menace (violente) de décourager toutes
les vélléités de collaboration à notre projet,
de nous censurer, émanait d’un membre de l’université
(plutôt bien établi). Ces mêmes étudiants/ chercheurs/
auteurs, pour la plupart anglo-saxons, asiatiques, africains, ont insisté
pour être publiés (en toute connaissance de cause et j’en
profite pour le rappeler, s’il y a eu confusion, le Sofa
est une revue qui n’est rattachée à aucune faculté,
délibérément). Vous ferez le lien.
Et vous l’aurez compris ce bilan c’est un peu de la colère
mais passée la colère, les bonheurs : Sur le Sofa,
la diversité des collaborateurs ne lisse jamais les discussions
et je réaffirme avec conviction la confiance que je porte à
mes co-animateurs, malgré prises de bec et prises de tête
(nous ne sommes jamais d’accord et j’en suis très heureuse),
ce numéro, porté par les mêmes, est la preuve que,
notre débat est constructif, fécond et je souhaite qu’il
le reste le plus longtemps possible.
Nous accueillons pour cette édition, des auteurs qui nous ont tous
sollicités, de france et d’ailleurs, plus ou moins connus,
médiatisés ou pas, certains poètes confirmés
et de jeunes voix, aussi, que nous souhaitons encourager.
La revue a rempli sa fonction de plate-forme au-delà (bien au-delà)
de mes espérances, elle a provoqué des rencontres, fait
jaillir la parole; des vraies rencontres avec des gens vrais qui ont de
vraies choses à dire. Merci à tous et rendez-vous en décembre.
S.D.